Colloque International « Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? »

La Biennale internationale du design a choisi de placer la question des sens du beau au cœur des formes de vie, des usages et des pratiques qui se livrent et s’énoncent, au gré de leur diversité créatrice et baroque, dans nos sociétés contemporaines mondialisées. L’espace public se trouve aux premières lignes de ce questionnement car là, s’atteste en plein ou en creux, la pluralité des formes et des
expériences.

La Biennale internationale du design a choisi de placer la question des sens du beau au cœur des formes de vie, des usages et des pratiques qui se livrent et s’énoncent, au gré de leur diversité créatrice et baroque, dans nos sociétés contemporaines mondialisées. L’espace public se trouve aux premières lignes de ce questionnement car là, s’atteste en plein ou en creux, la pluralité des formes et des
expériences. Dans une démarche de dialogue pluridisciplinaire, scientifique et
pratique, la thématique du colloque Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? propose de rendre compte et de discuter des usages et des pratiques d’animation dans l’espace public contemporain, à l’initiative d’habitants ou de professionnels. La multiplicité de ces situations nécessite de mener l’enquête : comment se fabrique la vie citadine selon les contextes urbains ? Comment se construit et se définit notre urbanité ? Elle n’épuise pas la signification
de la notion d’ « animation » et invite à interroger son impact sur l’esthétique de l’espace public, La notion d’« esthétique de l’éphémère » empruntée à la philosophe Christine Buci-Glucksmann ( 2003 ) articule tout à la fois les formes du beau et leur temporalité réduite – mais s’agit-il précisément de réduction ou de conquête ? – au « moment favorable », à l’attention, à l’occasion. Convoquer l’esthétique dans
le questionnement c’est également considérer l’histoire de L’Art de bâtir les villes dont Camillo Sitte ( 1889 ), s’insurgeant contre le développement exclusivement fonctionnel de la pensée urbanistique dès son origine, rappelait les fondements artistiques.

L’argument de ce colloque se centre sur l’espace public, envisagé comme un espace ouvert, concret, avec ses matérialités physiques et architecturales, ses ambiances ordinaires ou remarquables, ses pratiques sociales et ses rituels. Dans cet espace public, démultiplié en autant de lieux singuliers et mouvants, aménagés ou non, investis par le quidam, le simple passant ou l’habitant, les politiques publiques marquent de leur empreinte les choix d’aménagement fonctionnels et également les choix de gestion mémorielle ou festive des
programmations culturelles. La vie urbaine s’y manifeste également Le colloque
« Animer l’espace public. Pour une esthétique de l’éphémère ? » de façon spontanée : ici se livrent les routines du quotidien ou les événements, ici s’exprime sous ses différentes faces l’expression populaire. Cet espace sensible advient ainsi comme espace politique de l’opinion.

L’expression « animer l’espace public » recouvre un ensemble de processus et de situations où se croisent des acteurs tels que programmateur d’événement, accompagnateur de renouvellement urbain, artiste, animateur socioculturel, médiateur, chargé de mission, scénographe, architecte, paysagiste, etc. Selon un agenda précis, le centre ville, le quartier, la rive du fleuve, la friche urbaine, le parvis de l’église, les rues piétonnes ou encore le parking du centre commercial se transforment en espace ouvert à un large public.
Passant et habitant deviennent parfois des spectateurs et on attend d’eux qu’ils participent à la manifestation. Il est d’autres situations où l’animation de l’espace s’insère dans le projet même d’aménagement et se veut pérenne quoique soumise aux rythmes urbains. Ainsi, les murs végétaux donnent vie aux façades selon les saisons, les jets d’eau opposent leur bruissement aux bourdonnements du trafic, les nuages d’eau invitent les passants à jouer, les plates-bandes et les
embellissements végétaux dessinent des motifs, l’œuvre d’art devient un repère surprenant. Il est enfin des échanges commerciaux qui organisent dans toutes les sociétés les sociabilités urbaines tels que le marché ou la foire. L’expression « la rue animée », évoque la rue marchande, là où la foule se presse. Enfin, les flux, les circulations, les échanges liés aux mobilités animent tous les lieux qui les accueillent : la gare, le métro ou le tramway.

L’animation de l’espace public dans son esthétique appartient non seulement à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture mais également à l’histoire des passions populaires et des débordements festifs - carnaval, fête foraine, joute sportive - et des arts de la rue, qu’ils se revendiquent ou non comme tels. Le développement de l’animation socio-culturelle et artistique dans nombre d’espaces ouverts (rue, place, parc, friche) et accessibles au grand public est désormais l’une des missions des politiques publiques qui scande l’agenda national et local (fêtes de la musique, du patrimoine, festivals, biennales, événements sportifs, etc.). L’animation artistique ( puisant aux sources de tous les arts) accompagne aujourd’hui de nombreux projets urbains de rénovation ou démolition. Le chantier est parfois l’objet même de l’animation. Le colloque engage la réflexion sous deux axes :
 Un premier axe interroge l’intervention urbaine ( sur et dans la ville )
en tant que processus d’animation dans le cadre du projet urbain
( rénovation, construction, démolition, aménagement ) ou dans sa
dimension manifeste à partir de situations contrastées et documentées.

 Un deuxième axe invite à considérer les pratiques vernaculaires et
la création habitante au même titre que l’activation artistique, la co-
production citoyenne dans différentes situations d’animation formelle
ou informelle. Le questionnement s’oriente sur les arts du quotidien
et les arts de la rue afin d’appréhender les temporalités urbaines :
tempo, rythme, cadence… L’événement ( ordinaire ou artistique ) et ses
pratiques associées marquent la dimension proprement temporelle de
la vie urbaine et en interrogent les formes.

Équipes concernées : Cultures publiques

Publié le 10 mars 2015