Aussi libre que puisse être le choix conjugal aujourd’hui,
il continue à unir des personnes qui se ressemblent
socialement et culturellement. Les couples formés par
les descendants d’immigrés d’origine maghrébine,
sahélienne et turque n’échappent pas à cette règle,
avec le souci de maintenir une cohésion familiale,
de s’inscrire dans une transmission intergénérationnelle,
mais aussi la volonté de s’en affranchir et de privilégier
l’épanouissement personnel.
Ce faisant, ces descendants mettent en oeuvre
différentes manières de concevoir l’entre-soi conjugal :
l’entre-soi déterminé est le plus proche du modèle
hérité des parents ; l’entre-soi négocié adapte
ce modèle à la société française contemporaine ;
l’entre-soi émancipé s’inscrit plus délibérément
dans son dépassement.
En comparant ces processus aux manières de faire
du groupe majoritaire – les Français sans ascendance
migratoire récente –, ce livre nous conduit au coeur
des logiques d’individualisation qui guident la formation
conjugale. Fruit de recherches menées conjointement
depuis de longues années, il fait le point dans
un domaine jusqu’ici peu investi par les chercheurs
en sciences sociales.