La diversité des trajectoires dans la reconnaissance des enfants nés sans vie

Philippe Charrier et Gaëlle Clavandier

Article de Philippe Charrier et Gaëlle Clavandier in Spirale, vol. 101, n° 1, 2022.

Depuis les années 1990, les dispositifs d’accompagnement de la mort périnatale s’inscrivent dans une démarche de périnatalité. Ils se fondent sur l’accompagnement du deuil périnatal et visent notamment à prémunir les parturientes d’épisodes dépressifs. Ils ont pour particularité de reposer sur une série de gestes et de moments particuliers pour amener la parturiente et son éventuel conjoint à exprimer leurs volontés relatives : au corps (le voir, le toucher, le vêtir, recourir à une autopsie, organiser ses funérailles, assister à la levée du corps, etc.) ; à l’enfant sans vie (lui attribuer un prénom, l’enregistrer à l’état civil, l’inscrire sur le livret de famille, mentionner son « identité » sur la sépulture ou le « carré des enfants », etc.) ; à la personne elle-même quand il s’agit de faire valoir des droits (déclarer l’enfant sans vie auprès de son employeur, des impôts, de la Sécurité sociale, des mutuelles et assurances, faire valoir un congé maternité ou un arrêt de travail, demander un congé paternité, etc.). Les parents concernés sont informés de ces choix au sein de la maternité hospitalière.

Ces parents sont donc confrontés à des démarches administratives dont la plus déterminante est l’enregistrement à l’état civil de l’enfant sans vie. Celui-ci toutefois n’est pas obligatoire. Ce choix ouvre néanmoins des portes sur des trajectoires assez diverses dans les rapports entre ces personnes et cette expérience de vie. Quatre trajectoires sont identifiables. Elles correspondent à des expériences individuelles, mais peuvent également être envisagées comme des idéaux-types. Ces trajectoires sont représentatives de l’ensemble des témoignages que nous avons recueillis, et significatives de la dynamique des parcours effectués par ces personnes. Traversés par un événement fortuit, le plus souvent imprévisibles avant le début de la grossesse, ces parcours s’inscrivent dans un contexte d’épreuve.

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