Produire des petits propriétaires ? Les HLM et l’accession à la propriété, 1953-2010
Le mardi 10 décembre à 14h, à l’Université Lyon 2 (Espaces Marc Bloch, Institut des Sciences de l’Homme, 14 avenue Berthelot, 69007 Lyon).
Elle sera suivie d’un pot auquel vous êtes convié-e-s (à la même adresse, dans l’espace d’accueil de la salle Marc Bloch, au rez-de-chaussée de l’Institut des Sciences de l’Homme). N’hésitez pas à m’avertir de votre présence afin d’en faciliter l’organisation.
Le jury sera composé de :
Jean-Yves AUTHIER, Professeur des universités, Université Lyon 2 (directeur de la thèse)
Jean-Claude DRIANT, Professeur des universités, Institut d’Urbanisme de Paris (rapporteur)
Susanna MAGRI, Directrice de recherche émérite, CNRS
Yves GRAFMEYER, Professeur émérite, Université Lyon 2
Hélène MICHEL, Professeure des universités, Université de Strasbourg
Sylvie TISSOT, Professeure des universités, Université Paris 8 (rapportrice)
Aujourd’hui, le terme de logement social est généralement associé en France à l’activité de construction et de gestion locative que réalisent les organismes HLM. Depuis l’invention des Habitations à Bon Marché à la fin du 19ème siècle, le contenu de cette catégorie s’est cependant fortement redessiné, faisant l’objet de débats et de luttes qui ont contribué à en faire évoluer la définition. La diversité des acteurs qui sont à l’origine de l’émergence du logement social et la multiplicité des causes qu’ils défendent alors ont été explorées par les travaux portant sur les « réformateurs sociaux » au tournant du 20ème siècle. Mais ces questions sont peu traitées par les recherches historiques et sociologiques qui prennent pour objet le mouvement HLM depuis les années 1950.
Cette thèse entend alors examiner la recomposition des frontières du secteur du logement social et les luttes qui entourent sa définition et sa « vocation » depuis cette date. Pour cela, elle prend plus particulièrement pour objet un ensemble d’acteurs qui occupent une place minoritaire parmi les élites dirigeantes du mouvement HLM : les promoteurs et spécialistes de l’accession dite « sociale » à la propriété. Elle analyse quels facteurs ont contribué à rendre cette activité plus ou moins légitime au sein de cette institution et ont amené les spécialistes de la petite propriété d’occupation à y occuper une position plus ou moins centrale depuis les années 1950. Il s’agit ainsi de comprendre comment se dessinent et se redessinent les contours de l’institution HLM, depuis plus d’un demi-siècle, en étudiant un groupe d’acteurs qui se situent à ses marges et tendent parfois à s’en autonomiser. En prenant pour objet une catégorie de l’action publique, l’accession « sociale » à la propriété, dont la définition est marquée par un flou persistant, il s’agit aussi de saisir comment la frontière juridique, économique et symbolique entre le secteur dit « social » et le domaine dit « concurrentiel » ne relève pas, en matière de logement, de l’évidence. La thèse montre au contraire que les élites dirigeantes du mouvement HLM contribuent de manière diverse à préserver l’étanchéité de cette frontière ou à la brouiller, et elle cherche à comprendre pourquoi. A partir d’un travail réalisé à partir de sources écrites (dépouillement d’archives publiques et de publications du mouvement HLM), d’une enquête de terrain menée auprès de responsables nationaux de fédérations HLM ainsi que de dirigeants d’organismes, complétée par des données statistiques, il s’agit ainsi de rompre avec une vision homogénéisante du secteur du logement social, comme institution et groupe d’acteurs aux intérêts et aux positions unifiées.