Julia Chryssomalis

Chercheur.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s - Université Lyon 2

Équipe Travail, Institutions, Professions et Organisations

Thèse soutenue le 26 novembre 2024 : L’individualisation des prises en charge du vieillissement dépendant. Une ethnographie du travail en maison de retraite médicalisée
sous la direction de Bruno Milly

À partir d’une enquête ethnographique dans trois maisons de retraite médicalisées, cette thèse examine les pratiques du personnel des maisons de repos à la lumière des normes d’individualisation du traitement des résidents. L’enquête s’intéresse tout d’abord aux évolutions politiques et normatives du travail médico-social en France, qui ont placé l’usager « au centre » de l’intervention sanitaire et sociale. Mettant ces éléments en perspective avec les enjeux contemporains de l’intervention sur le vieillissement dépendant, la thèse donne à voir la spécificité de l’individualisation des prises en charge des personnes âgées en maison de retraite.
La thèse analyse ensuite les principes organisationnels et pratiques des soins dans ces institutions. Aux prises avec une logique de rationalisation des ressources matérielles et temporelles, les aides-soignantes – qui ont été les principaux sujets de l’enquête – composent avec des prescriptions d’individualisation qui régissent la conduite de l’activité : la personnalisation « pluridisciplinaire » des soins et la « domesticisation » des espaces. La thèse montre que la « pluridisciplinarité » est à la fois très médicalisée et peu technique. À cet égard, les aides-soignantes apparaissent centrales dans les délibérations collectives, mais jouent un rôle subalterne dans la collecte d’informations au profit des professionnelles plus qualifiées. Ensuite, l’enjeu de faire de l’établissement un « lieu de vie » se heurte à l’organisation pratique des journées soignantes et résidentes. Ainsi, alors qu’elles doivent effectuer un travail de « domesticisation » des espaces de la maison de retraite, les aides-soignantes priorisent régulièrement la tenue des cadences et la répartition des tâches dans le collectif soignant sur les rythmes domestiques des résidents.
La thèse identifie enfin deux principes guidant les activités professionnelles : d’une part, celui de la préservation et du renouvellement de l’autonomie des personnes âgées, et d’autre part, celui de la socialité des résidents. La question de l’autonomie soulève les tensions qui traversent la personnalisation des soins : les professionnelles valorisent l’autodétermination des résidents en même temps qu’elles travaillent collectivement à faire correspondre leurs « volontés » aux exigences d’organisation et aux enjeux du travail de soin. En analysant l’idée émique que le soin est nécessairement relationnel, la recherche interroge ensuite la forte valorisation professionnelle et surtout soignante de la « relation » aux résidents. Cette valorisation prend appui sur la promotion du caractère social du sujet de prise en charge, et sur les prescriptions d’entretien des sociabilités résidentes. Elle s’accompagne de la diffusion d’une norme contraignante de sollicitude au sein des collectifs de travail. Ces principes d’autonomie et de socialité des résidents, qui guident fortement l’activité dans les maisons de retraite, fondent une « fiction de l’accompagnement » à travers laquelle les aides-soignantes affirment l’autonomie relationnelle de personnes âgées parfois très dépendantes dans leurs interactions avec elles. La thèse montre en outre que la personnalisation des soins repose principalement sur une référence au passé biographique des résidents, couplée à une recherche de maintien de l’autonomie résiduelle.
Enfin, en identifiant les effets de l’individualisation des prises en charge sur le travail en maison de retraite, la thèse montre que celle-ci entraîne des rapports personnalisés aux contenus du travail. Cela résonne avec la concentration de certaines critiques de l’organisation sur ses conséquences sur les clients, et sur la difficulté à assurer les tâches relationnelles.

Mots-clés : dépendance – personnes âges dépendantes – maison de retraite médicalisée – Ehpad – unité de soins de longue durée – sociologie du travail – sociologie des organisations

Enseignements
Sociologie des territoires, Université Lumière Lyon 2, L3 sciences sociales : 3 x 19,25h
Théories sociologiques, ULL2, L2 sociologie : 20h
Santé et vieillissement, ULL2, atelier de lecture, enquêtes et approches, M1 sciences sociales : 3 x 4h
Initiation à l’enquête : analyse d’un problème social, ULL2, L1 sociologie et science politique : 19,25h
Quoi de neuf en sociologie du travail, ULL2, M1 sociologie du travail et des organisations : 3 x 4h
Ateliers de lecture, ULL2, M2 cours d’emploi en sociologie du travail et des organisations : 3 x 12h
Méthodologie, ULL2, L1 sciences sociales : 4 x 21h
Méthodologie de recherche en sciences sociales, Lycée Honoré d’Urfé de Saint-Etienne, DE Conseiller en économie sociale et familiale : 2 x 27h
Enquêter à partir de sa pratique, DE Educateur spécialisé (ARFRIPS), DE Assistant de service social (Rockfeller), convention avec l’ULL2 : 2 x 35h
Recherche collective, ULL2, M1 études sur le genre : 9,5h
Atelier d’écriture : écrire son mémoire, ULL2, M2 sciences sociales : 2 x 8h
Atelier et retour d’expérience d’écriture du mémoire, M2 cours d’emploi sociologie (SDO) : 3h

Autres
Membre de la rédaction en chef de Lectures
2022-2023 Assitante d’édition - Lectures
2019-2022 Chargée de rédaction pour la revue Lectures - Liens Socio

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