Alors qu’elle constitue l’une des questions majeures des relations professionnelles de travail, la qualification professionnelle ne suscite guère, aujourd’hui encore, l’intérêt des juristes. Les enjeux théoriques et pratiques qui y sont attachés devraient pourtant justifier que l’on y attache la plus grande importance. La qualification professionnelle, au premier chef, constitue l’un des moyens privilégiés de distinction et de classement des salariés au sein de l’entreprise. Formalisée à la fois par les « grilles » de classifications conventionnelles et les clauses du contrat de travail, elle irradie tant la structure et le fonctionnement de l’entreprise que l’exercice du pouvoir de l’employeur. Plus largement, elle témoigne de la structuration et des évolutions de certaines branches professionnelles.
En effet, la manière dont certaines branches construisent et (re)structurent les qualifications professionnelles renseignent sur l’« état » des branches professionnelles et les logiques qu’elles tentent de coordonner (organisation de l’entreprise, gestion de la concurrence inter-entreprise, structuration d’un secteur d’activité). C’est à l’analyse des ambiguïtés et des fonctions plurielles de la qualification professionnelle qu’est consacrée la présente contribution, suivant une riche perspective interdisciplinaire.

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