Politiques de la connaissance : savoirs situés et enjeux démocratiques

Responsables de l’équipe : Dominique Belkis et Anthony Pecqueux

Souci des personnes et de l’environnement

L’unité de l’équipe « Politiques de la connaissance : savoirs situés et enjeux démocratiques » (PoCo) s’accomplit à la croisée entre des enquêtes ethnographiques, des parti-pris théoriques et épistémologiques et des centres d’intérêt convergents, plutôt que par un domaine d’objet, même au sens large. Cette unité se caractérise par une focalisation sur les pratiques de soin se portant autant à l’endroit des choses et de l’environnement d’une part, que des personnes d’autre part. Cette attention aux pratiques de soin dans toutes leurs dimensions (autant d’un point de vue praxéologique, qu’éthique et politique) s’inscrit dans la continuité des débats sur le care, et souligne combien une part de l’unité de l’équipe tient à ce qu’elle cultive, avec les acteurs auprès de qui elle enquête, notre condition commune d’appartenance et de participation à un monde incertain, précaire et abîmé. Cette formulation pointe en outre le fait que les « savoirs situés » dont il est question ne sont pas en premier lieu ceux du sociologue (selon une conception prégnante depuis la standpoint theory), mais ceux qui émergent à même les pratiques décrites et à même la dynamique de leur réception par des usagers humains et non-humains.

Souci de l’enquête

Les membres de PoCo partagent le refus du principe de la « rupture épistémologique », non en se contentant de réhabiliter les savoirs des acteurs ordinaires, mais en pensant et en pratiquant la continuité de l’enquête entre ces acteurs ordinaires et les sociologues (à la suite notamment de la théorie de l’enquête de John Dewey qui pose la continuité, l’absence de dualisme entre la logique de l’enquête dans les affaires de la vie quotidienne et celle à l’œuvre dans la démarche scientifique). Ce souci se décline de différentes manières, souvent non mutuellement exclusives, comme le fait de mener des enquêtes sur les enquêtes (des acteurs) ou de mener des enquêtes par le milieu.

Par-delà l’académie, ...

Enfin, un dernier souci commun a trait à l’ambition de ne pas rester cantonnés dans l’académie, et de ne pas seulement en sortir en délivrant des « conférences grand public » ou d’autres activités de médiations scientifiques. Depuis notre point de vue continuiste de l’enquête, il s’agit en effet d’aller encore au-delà et de penser les questions de médiation scientifique à même l’enquête. De la même manière qu’en amont, mener (ou non) des recherches partagées, collaboratives ou participatives ne se réduit pas à un choix lié à une posture ou une démarche méthodologique, décidé par avance, mais correspond à des épreuves au sein même de l’enquête.
... une sociologie des alliances

Cela signifie prendre d’emblée en compte une temporalité unifiée de l’enquête, plutôt que de séparer les phases du travail et de réintroduire un dualisme où à la fin, « après » l’enquête conduite par le scientifique, viendrait le temps des activités non académiques (la « restitution », des publications, etc.). Cela signifie mettre en place au sein de l’enquête comprise comme un tout, une sociologie des alliances, au sens fort, ce qui passe par différentes traductions de ce que s’allier veut dire, à chaque fois en situation en prenant la question au sérieux. S’allier par des formes de recherche collaborative, voire participative ; par des associations avec des collectifs, des professionnels… ; par des réflexions mutuelles sur ce qu’anonymiser ou pseudonymiser (ou ne pas le faire) veut dire ; par des comptes rendus de la recherche oraux ou écrits, réguliers, pendant le temps de l’enquête ; etc.